Note individuelle
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Il est le fondateur de la dynastie des Flaviens qui règnent sur l'Empire de 69 à 96. Ses fils Titus, puis Domitien lui succèdent. Contrairement aux empereurs julio-claudiens patriciens, Vespasien est d'origine plébéienne, issu d'une famille de notables municipaux originaires de Reate en Sabine. Son grand-père est centurion à la bataille de Pharsale pour le compte de Pompée puis commissaire-priseur à Réate. Son père est d'abord publicain dans la province d'Asie puis banquier en Helvétie.
Il entre dans l'ordre équestre par son mariage avec Vespasiana Polla. Alors que Titus Flavius Sabinus, son frère, fait une brillante carrière sénatoriale, Vespasien traverse un cursus plus modeste : il est préteur sous Caligula, consul en 51, proconsul d'Afrique en 61. En 67, Il devient légat de Judée et mate la révolte juive qui avait débuté en 66. Suite à l'avènement de Vitellius, en 69, il se rend à Alexandrie où il est proclamé empereur par les légions d'Orient sous l'impulsion de Tiberius Julius Alexander, le préfet d'Égypte, et de Mucien, le légat de Syrie.
À Rome, son frère Flavius Sabinus, préfet de la ville, mène le complot. Vespasien charge Antonius Primus, le commandant des légions du Danube, des préparatifs militaires face aux puissantes armées du Rhin restées fidèles à l'empereur Vitellius. Les sympathisants de Vitellius sont finalement défaits en décembre 69, ce qui met fin à la guerre civile de l'année des quatre empereurs. Mucien, son principal représentant à Rome, s'attache à restaurer l'ordre en Occident pendant son absence. Il renvoie les troupes de Primus en province et reconstruit le Capitole qui avait été incendié pendant la guerre civile. Il commence l'édification de l'amphithéâtre du Colisée. En Gaule, il envoie huit légions mater la révolte du Batave Civilis qui avait proclamé un « Empire des Gaules » pendant les troubles.
Vespasien et son fils Titus, toujours en Orient en 70, se chargent d'y imposer la paix romaine. Titus met fin au siège de Jérusalem en septembre 70 et son père envoie une ambassade à l'Empire parthe pour garantir le statu quo territorial sur la frontière arménienne. Les sicaires sont matés au siège de Massada (72-73 de notre ère), et le Second Temple de Jérusalem est fermé et rasé. En 70, la guerre civile de 68 - 69 a laissé l'Empire en piteux état. De plus, le nouvel empereur est contesté pour ses origines. La lex de imperio Vespasiani légalise sa place à la tête de l'État en lui conférant les pouvoirs ainsi que la titulature impériale. Cette loi précise surtout les pouvoirs de l'empereur, sortant du flou voulu par Auguste, et contribuant à faire de l'empereur non plus un homme exceptionnellement revêtu de plusieurs pouvoirs mais un magistrat du peuple romain. Il est huit fois consul et censeur en 73–74. Il s'attache à affirmer le caractère héréditaire du régime impérial en proclamant que seuls ses fils lui succéderaient. Cette initiative lui vaut d'être accusé d'aspirer à la « royauté » par Priscus. Une autre évolution se dessine avec Vespasien : en choisissant comme dies imperii (le jour anniversaire de son entrée en fonction) le jour de son acclamation par l'armée, il légitime la désignation de l'empereur par l'armée. Auparavant, le Sénat investissait l'empereur de ses pouvoirs, et particulièrement de son imperium. À partir de son règne, le pouvoir et le poids du Sénat romain ne cesseront de diminuer. Au plan religieux, Vespasien marque d'abord sa dévotion aux dieux d'Alexandrie, mais se targue finalement d'être, comme Auguste, « le mainteneur (conservator) des cérémonies d'État et le restaurateur (restitutor) des temples sacrés »1.
À l'échelle de l'Empire, il mène une politique entre continuité et innovation. Tout comme ses prédécesseurs, il multiplie les constructions publiques, notamment le Colisée qu'il entreprend en 75, le Forum de la Paix (71-75) avec, en particulier le Temple de la Paix pour abriter le trésor récupéré lors de la prise du Temple de Salomon à Jérusalem et la Bibliothèque de la Paix pour entreposer, entre autres, les archives de la préfecture urbaine. Il fait sortir pour la première fois l'enseignement du cadre privé en créant une chaire de rhétorique latine et une autre de grec dans Rome. Il impose aux Juifs vaincus un impôt spécifique, le fiscus judaicus, destiné à financer les travaux du temple de Jupiter capitolin. D'autre part, il recourt à de véritables innovations dans le domaine financier en allant jusqu'à créer une taxe sur la collecte d'urine2 qui était le seul agent fixant pour les teintures à l'époque. On lui attribue ainsi le proverbe : pecunia non olet (l'argent n'a pas d'odeur) Sous son règne, les frontières de l'Empire se stabilisent et se fortifient avec la construction d'un système défensif surveillant les peuplades barbares outre rhéno-danubiennes (Germains, Daces, Sarmates, Chattes). Deux nouvelles légions, la legio IV Flauia Felix et la Legio XVI Flavia Firma, sont créées, ce qui porte le nombre total à vingt-neuf légions dont vingt-sept sont positionnées aux frontières.
Vespasien meurt le 23 juin 79, à Aquae Cutiliae. Suétone rapporte que, se sentant malade, il aurait dit, se moquant de la divinisation dont faisaient l'objet les empereurs après leur mort : « Vae, puto deus fio ! (Malheur ! Je crois que je deviens dieu !)4 ». Au moment de mourir, saisi tout à coup d'une diarrhée qui l'épuisait : « Il faut, dit-il, qu'un empereur meure debout » et, tandis qu'il faisait un effort pour se lever, il expira entre les bras de ceux qui l'assistaient
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